Remarque : Article "composites" issu de mon site perso initial de 2005 (certaines choses sont peut être obsolètes !).
Le matériel
1 : Les résines que j'utilise
- La résine polyester : j'utilise cette résine pour réaliser les moules, fabriquer des congés, coller des pièces en bois, etc. Cette résine a un énorme avantage : son prix ! Cela permet de ne pas hésiter à charger un moule ou autre. Elle a quelques inconvénients tout de même : elle n'est pas très bien adaptée à la stratification en couche mince (réalisation de pièce comme un fuselage par ex) car elle est très "cassante", elle ne pourra pas être employée sur du polystyrène et styro et enfin... elle sent très très fort (ça pue quoi !). A utiliser dans un local ventilé.
- La résine époxy : je l'utilise pour mouler mes pièces. Cette résine a l'avantage de bien se travailler, elle reste "souple" une fois sèche, elle peut s'employer sur du polystyrène, l'odeur est faible (mais très toxique). L'inconvénient majeur est son prix prohibitif ! Il existe énormément de type de résine époxy, une pour chaque usage. Pour l'usage "modéliste", on recherche la résine la plus fluide possible (gain de masse).
J'achète la résine polyester dans une société de chaudronnerie plastique, cette société utilise à longueur de journée ce type de produit. J'achète la résine en "gros". Elle est déjà accélérée, il reste à mettre le catalyseur dedans (2% en masse).
Pour la résine époxy, j'ai testé pas mal de marques différentes. Ma préférée, c'est la résine époxy "haut module" vendue par Airtech (pub gratuite). Malheureusement, elle est très chère et il faut ajouter les frais de port... Finalement, je me suis rabattu sur de la résine époxy "Soloplast" vendue en grande surface, très disponible et plus abordable. Cette résine est moins fluide et le "pot-life" est plus réduit, mais au final, les pièces moulées sont nickel.
2 : Le gel-coat
J'utilise du gel coat polyester.
Il existe deux types de gel coat, le gel coat de moulage et le gel coat de finition.
Le gel coat que j'utilise est du gel coat de moulage "pistolable". Il est plus liquide que le gel coat de moulage "pinceau". J'utilise le gel coat "pistolable" au pinceau, car il faut un pistolet avec une buse monstrueuse pour que le produit passe, et à chaque fois que j'ai essayé de diluer le gel coat, j'ai eu de très mauvaises surprises.
Mon gel coat est teinté dans une couleur vive, ce qui permet, lorsque l'on passe le gel coat de finition dans le moule (généralement du blanc) de bien voir ce que l'on fait.
3 : Les adjuvants
Il est quelques fois nécessaire de réaliser des congés ou simplement épaissir la résine. Il y a deux produits que l'on peut ajouter :
- La silice : empêche la résine de couler, permet de faire des congés en béton (on peut même percer et tarauder dedans). Pratique aussi pour des réparations sur du bois ou autre.
- Le micro-ballon : permet "d'alléger" la texture de la résine. Utilise pour réaliser des congés, combler un trou, fermer un moule, etc.
Mélangé à de la résine (polyester ou époxy), la silice ou le micro-ballon peuvent être posés avec une spatule, ou mieux, disposés dans une seringue pour appliquer la bonne dose au bon endroit.
Pour info, j'achète ces produits chez Airtech (pub gratuite).
4 : les agents démoulants
La méthode traditionnelle est l'application d'une cire "dure" posée au coton ou à la mousse sur la pièce à traiter, laisser sécher (longtemps...) et lustrer avec un coton (ou une lustreuse si la pièce est grande). Franchement, cette méthode ne m'a jamais déçu, j'utilise de plus une cire de très bonne qualité (Meguiar's Paste Wax #16). Le principal problème est lié au temps nécessaire à la préparation de la pièce ! En moyenne, j'applique 8 à 10 couches, j'attends 8 heures entre chaque couche (recommandation du fabricant de la cire), c'est long.
Une autre alternative est l'utilisation d'une cire "liquide". Cette cire est plus simple à appliquer, elle sèche plus rapidement (1heure). L'inconvénient que j'ai trouvé à cette cire, c'est qu'elle est très difficile à lustrer à fond, il reste toujours des traces des couches précédentes, on les retrouve donc sur le moule. Le gain de temps est par contre énorme, si la finition "hyper brillant" n'est pas votre but ultime, c'est une bonne solution. La cire liquide "Soloplast" est bonne et disponible partout.
Dernière possibilité que je connais : l'alcool polyvinilique (PVA). Ce produit se présente sous la forme d'un liquide, généralement teinté. Ce produit se pose au pinceau, au tampon ou au pistolet. En séchant, il forme un film qui isole la pièce à mouler ! Le démoulage sera fait en injectant de l'eau chaude entre le moule et la pièce, le produit sera dissous par l'eau. Il est possible d'associer le PVA à un agent de démoulage classique. Cette technique est utilisée, par exemple, pour surmouler un fuselage en étant sûr de ne pas avoir de mauvaises surprises lors de l'ouverture du moule . Personnellement, je n'utilise pas le PVA, car je n'ai pas eu de bons résultats.
5 : La plastiline
C'est une pâte à modeler qui résiste aux différents produits composites. Il existe de la molle, moyenne et dure. Il faut bien malaxer la pâte pour bien la ramollir et qu'elle se place bien entre la pièce et le plan de joint. On peut l'utiliser aussi pour boucher un trou sur la pièce à mouler et autre.
La plastiline est vendue au poids (pain de 1Kg). J'ai la chance de n'avoir pu acheter que 100g de plastiline chez mon fournisseur, largement suffisant pour réaliser quelques moules en usage "modélisme" !
6 : Les fibres
- Le mat de verre : pour notre usage, il est uniquement utile à la réalisation d'un moule. J'utilise principalement du mat 450g et de temps en temps un peu de mat 300g (première couche sur pièces fragiles). Le mat de verre "boit" beaucoup, il faut vraiment bien le nourrir en résine.
- Le sergé 163g : c'est finalement le tissu de verre que j'utilise maintenant partout pour réaliser mes pièces ! Suivant la nature de la pièce, j'utilise entre 2 et 3 couches. Je ne me casse plus la tête à monter des couches de différents gramages, le résultat est vraiment très bon pour l'usage.
- Bande carbone : j'utilise de la bande de carbone (1 à 5 cm de large) pour réaliser des renforts pontuels (passage d 'une vis, point de rupture, etc).
7 : Accessoires
Pour la pose du gel-coat et de la résine, j'utilise un pinceau "standard". Astuce : j'achète uniquement des pinceaux avec manche "bois" sans peinture ou plastification, cela ne fait pas bon ménage avec l'acétone nécessaire pour le nettoyage !
Pour "débuller" le mat de verre sur des "grands " moules (fuselages), j'utilise un rouleau débulleur. C'est facile de le fabriquer soi-même, ou très abordables dans le commerce, pour les petits moules, ce n'est pas nécessaire.
Je garde aussi quelques bouteilles d'eau minérale, que je coupe en deux pour préparer mon gel coat, de la résine + silice et autre. Je jette au fur et a mesure.
Pour le mélange de la résine de stratification, j'utilise simplement des bacs de glace vides ! La résine sèche, ne colle pas sur cette matière, je peux "démouler" la résine solidifiée et réutiliser le bac.
8 : les bonnes adresses
Dans ma région, j'ai pris contact avec les sociétés qui travaillent dans le domaine des composites.
J'ai tout simplement téléphoné et expliqué ce que je faisais (modélisme). Dans certaines sociétés, l'accueil ne fut pas très bon...
Je suis finalement "tombé" sur une société très sympathique et prête à me vendre des produits. C'est via cette société que j'obtiens la résine polyester, le gel coat, la plastiline et le mat de verre. Bref tout pour faire un moule. J'apporte mes bidons et zou. Le prix est très bien placé par rapport aux grande surfaces ou autres magasins "spécialisés", de toute façon, sans ce contact, je ne ferais pas/plus de moule car le prix de réalisation d'un moule n'est tout de même pas négligeable.
Je remercie donc au passage la société B.M.P à Caen pour les produits et les conseils.
Pour la stratification en couches minces (c'est le terme pro... c'est bô hein ?), c.à.d la résine époxy, les adjuvants, le tissu de verre, il y a plusieurs sources.
La société Airtech, bien connu pour ces kits de planeurs (pixel, altus et autres).
Un grossiste qui vends aux particuliers : Sicomin (la résine SurfClear est très bonne).
Toujours prêt ? alors on passe à la suite !
Réalisation d'un moule
Pour ce tutoriel, j'ai utilisé une bulle existante (surmoulage), mais il est tout à fait possible d'utiliser cette méthodologie pour mouler sur un master fabriqué par vos soins. La réalisation d'un master sera détaillée ultérieurement.
Remarque : j'ai "copié" cette bulle pour mon propre usage et pas dans un but commercial (pas de revente).
Il sera nécessaire de préparer la bulle avant de commencer le moulage. En effet, la bulle est trop molle, on ne pourra pas mouler sur une telle surface. J'ai donc placé des morceaux de baguettes 10*10 en balsa dans la bulle (collés avec une goutte de cyano) pour rigidifier la structure.
Le gel coat et la résine sont de type polyester. Les vapeurs et poussières sont nocives : PROTEGEZ-VOUS.
Etape 1 : Le plan de joint
Pour réaliser un moule, il faut réaliser un "plan de joint". Le plan de joint est l'exact plan médian de la pièce à mouler. Il est important de choisir le plan pour permettre le démoulage facile de la pièce ! Dans le cas de notre bulle, le plan de joint est déjà matérialisé par les traces de son moulage initial.
Le plan de joint sera réalisé dans une plaque de mélaminé. Le mélaminé est pratique (le gel coat de moulage adhère très peu naturellement sur cette surface), le prix d'une plaque est modéré et facile à couper.
Il faut projeter le profil de la pièce à mouler sur la planche de mélaminé. Vu la pièce à mouler, difficile de projeter la forme de manière optimale. J'utilise donc régulièrement des morceaux de "dépron " que je façonne au fur et à mesure pour obtenir le profil parfait, que je reporte sur le morceau de mélaminé.
J'utilise une scie sauteuse pour découper la forme intérieure, (astuce : avec une lame de type "métaux" pour ne pas arracher le plaquage de surface).
Il faut que la pièce à mouler rentre pile-poil dans ce plan de joint, sans forcer.
Reste à positionner la pièce au mieux, et la maintenir avec des tasseaux sous le plan de joint. Il est impératif que la pièce soit maintenue et ne bouge plus pour la suite correcte des opérations. Je réalise aussi des pieds pour que le couple plan de joint / pièce soit très stable.
Pour parfaire ce "plan de joint", il est nécessaire de combler l'espace qui subsiste entre la bulle et le mélaminé. On utilise alors une pâte à modeler spéciale, la plastiline. Il faut bien chauffer la plastiline dans ses mains pour la ramollir, façonner un petit boudin, le placer sur l'espace à combler et lisser avec une carte téléphonique. Cette étape va conditionner la qualité finale de votre plan de joint sur les futures pièces qui sortiront de ce moule !
Le plan de joint est terminé, tout est propre (important), on passe à la suite.
Etape 2 : Cire
Il faut maintenant appliquer un agent démoulant sur toute la surface à mouler, sur la bulle mais aussi sur le plan de joint. Bien mettre de la cire partout, sans vouloir en mettre beaucoup à chaque fois (cela ne sert a rien). Suivant les recommandations du fournisseur, laissez durcir complètement la cire, si la pièce est lustrée trop tôt , toute la cire appliquée sera enlevé, ce n'est évidemment pas trop le but.
J'utilise du coton pour lustrer, il faut lustrer pour obtenir un bon brillant. Personnellement, je passe 8 à 10 couches de cire avant de passer à l'étape suivant. Cela peut paraître énorme, mais je n'ai JAMAIS eu de problème lors du démoulage !
Je vous laisse deviner les temps d'attente que cela génère, il faut être patient.
Etape 3 : Le gel coat.
La dernière couche de cire a été parfaitement lustrée, tout est propre, il est temps de passer à la pose du gel coat. Le gel coat permet de prendre l'empreinte parfaite de la forme à mouler.
Préparez une quantité suffisante de gel coat pour recouvrir la forme mais aussi 10 cm autour de celle-ci. Pour ce moule, j'ai préparé 100g de gel coat. Ajouter le durcisseur, ne pas doubler les doses, sinon le gelcoat va tirer trop vite et il y aura des effets sur la qualité finale du moulage.
Je passe mon gel coat avec un pinceau, une couche bien grasse est nécessaire. Lorsque la pièce est complètement recouverte, on ne touche plus ! Je laisse poser au moins 8h avant de passer la première couche de mat de verre.
Etape 4 : Première couche de mat de verre
Si le gel coat était suffisament résistant, on pourrait quasiment dire que la première partie du moule est terminée ! Malheureusement, le gel coat est très cassant, il va falloir renforcer cette structure. Le mat de verre va permettre de durcir et "gonfler" le premier 1/2 moule.
La première couche devra être posée avec soin, le gel coat est fragile. J'utilise du mat de verre de 300g pour la première couche. J'évite de taper trop fort avec mon pinceau pour nourrir en résine le mat, je mouille beaucoup le mat de verre et je travaille avec de la patience.
Astuce : Pour renforcer l'angle formé entre la bulle et le plan de joint, je fais un congé de résine + silice avant de poser le mat, car même si le mat se plie à toutes les formes facilement, il sera difficile d'avoir de la matière à cet endroit.
Pour passer à l'étape suivante, j'attends que la résine ne colle plus aux doigts.
Remarque : il n'est pas nécessaire et même conseillé de réaliser toutes les couches de mat de verre en une seule fois. Les réactions exothermiques (dégagement de chaleur) pourraient déformer le moule. Il n'y a aucun problème d'accroche entre les couches lorsque l'on travaille avec de la résine polyester (pas vrai dans le cas de la réalisation d'un moule epoxy).
Etape 5 : Epaissir le moule
Il est maintenant possible de stratifier des couches de mat de verre supplémentaires. J'ai choisi de ne pas réaliser un moule trop épais. D'expérience, mes moules sont toujours bien trop épais, et pour un usage "amateur", donc vu le faible nombre de pièces sorties avec un moule, une épaisseur moindre est largement suffisante. Dans le cas de cette bulle, la pièce n'est pas très grande et la pièce à mouler sera très accessible, un moule fin suffit (avec autant d'€ de gagné au passage !). Si vous moulez un fuselage, il faudra faire un peu plus épais.
J'ai stratifié 2 couches de mat de verre 450g.
Astuce : J'en profite pour placer des morceaux de bois qui vont renforcer le plant de joint et permettre de percer les trous de fixation des 2 demi-coquilles dans de bonne conditions.
Je laisse poser 1 nuit.
Etape 6 : Démouler le plan de joint
Tout est bien sec. Il faut démouler le plan de joint, c.à.d séparer le premier demi moule et la pièce à mouler du plan de joint. ATTENTION, il ne faut pas démouler la pièce à ce moment !
Introduite une petite cale en bois entre le plan de joint et le moule tout doucement. Maintenir par le dessous la pièce pour éviter qu'elle se démoule. Placez d'autres petits morceaux de bois si nécessaire autour du moule. Mais si la partie "cire" a été bien faite, le demi moule se détache quasi tout seul du plan de joint.
Le plan de joint en mélaminé ne sert plus à rien maintenant ! Découpez les surplus de mat qui n'ont pas été mouillés à la résine.
Astuce : je passe un coup de papier de verre "gros grain" sur toute la surface extérieure du moule pour me débarrasser des épines en fibres de verre qui dépassent ici ou là, sinon gare aux mains !
On retourne le moule, on va utiliser le plan de joint créé par le gel coat + mat de verre pour mouler directement le deuxième demi-moule dessus ! Nettoyez les restes de plastiline. Tout doit être propre.
Etape 7 : Cire
Et oui... encore ! C'est reparti pour 10 couches. Il faut cirer la bulle ET le plan de joint en gel coat.
COURAGE.
Etape 8 : Gel Coat, le retour
On reprend toutes les opérations déjà faites pour le premier demi moule... rien de plus.
Etape 9 : Epaissir
Monter la première couche de mat 300g (ne pas oublier le congé de résine + silice), laissez sécher, puis les 2 couches de 450g et finalement les renforts en bois tout autour. Laissez poser 1 nuit.
Etape 10 : Finitions
Avant d'ouvrir... il faut effectuer la finition.
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Couper l'excédent de fibre autour du moule (au plus juste) avec une lame de scie à métaux ou disque à tronçonner (attention à la poussière !). Finir les bords avec une ponceuse électrique + gros grain.
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Faire les trous de fixation des demi-moules (un trou tous les 10cm est suffisant)
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Nettoyer si nécessaire les coulures de résine qui pourraient gêner l'ouverture du moule.
Ca y est... c'est prêt pour l'ouverture... Glubs.
Etape 11 : Silence, on ouvre !
C'est le grand moment. Après quelques heures de boulot (quelques... le mot est faible), il faut ouvrir. J'utilise des morceaux de bois, fins, épais... enfin tout ce qu'il y a dans la boîte à chutes !
Trouver un endroit facile pour insérer le premier morceau (ctp 3/10 !), enchaîner avec plusieurs morceaux répartis autour du moule. Généralement, on commence à entendre les premiers "CRACK", c'est bon signe. Il faut être patient, vérifier qu'il n'y a pas d'accroche et augmenter tout doucement l'épaisseur des cales en bois.
Et CRACK, un premier demi moule est relâché !
Reste à sortir la bulle du deuxième demi moule, prendre son temps, la bulle est souple (j'ai enlevé mes baguettes en bois à l'intérieur pour cette étape), elle sort toute seule.
C'est Boooooooo ! Le moule est parfait, j'ai récupéré le brillant de la pièce d'origine. Je peaufine le ponçage des dernières arêtes sur les deux coquilles, et grand dépoussiérage.
La bulle d'origine est nickel, OUF.
Le moule est terminé. Le résultat est à la hauteur de mes espérances.
La suite ? Mouler une bulle bien sûr !
Stratification
Ultime étape dans l'aventure "composite" : la stratification
Pas la peine de commencer la stratification si le moule réalisé précédemment n'est pas nickel ! En effet, comme pour les travaux de peinture, le rendu de la stratification finale dépend de la qualité du moule, qu'on se le dise !
Lorsque l'on moule une pièce, on commence toujours par la finition ! En effet, c'est la première étape qui conditionnera le rendu final de la pièce moulée, ensuite les couches ajoutées serviront à apporter de la rigidité à la pièce.
Pré-requis :
Avant de se lancer "tête dans le guidon" dans la stratif, il est important de noter quelques informations et astuces. Je ne suis pas un professionnel, loin de là, je bricole avec les moyens du bord, la stratification, c'est un métier, il suffit de voir les productions de ZnLine ou PLF Concept pour s'en rendre compte !
J'ai testé pas mal de solutions pour stratifier mes pièces. On peut, dans un premier temps, (comme pour la réalisation d'un moule) définir deux tendances : la stratification Epoxy ou Polyester. Fondamentalement, ce n'est pas ce qui pose le plus gros problème (à mon petit niveau...), mon plus gros problème est lié à la couche de finition...
En effet, la méthode traditionnelle est de pulvériser un gel-coat (epoxy ou polyester) dans le moule, puis de stratifier. Simple ? Oui et non...
- Pour pulvériser le fameux "gel-coat", ce n'est pas simple. Il se présente sous la forme d'une "crème" et il faut un pistolet avec une très grosse buse et à gravité pour le pulvériser correctement. Vu le faible nombre de pièces que je réalise, l'investissement dans un pistolet spécifique est hors propos !
- Le gel-coat de finition est cher, généralement disponible au Kg, donc bcq de perte lorque l'on stratifie peu.
Solution n°1 : passer le gelcoat au pinceau... ok mais quelle prise de poids inutile !
Solution n°2 : utiliser une peinture à la place du gel coat ! Bonne idée, mais des tests s'imposent, sinon bonjour les (mauvaises) surprises !
J'ai donc creusé la solution n°2, et voici ma recette d'aujourd'hui :
- Cire Meguar's (très bon rendu) ou Cire liquide Soloplast (plus rapide, mais moins de brillant).
- Peinture acrylique brillante de qualité professionnelle passée au pistolet "standard" (marque TriMétal, chez le revendeur de la marque), essayer (impératif) avec votre peinture sur une chute.
- Stratification Epoxy (l'idéal c'est la résine Airtech, ou Solopast).
Avec la peinture acrylique (j'ai essayé vraiment plein de marques différentes), seule la stratification epoxy fonctionne, j'ai essayé plusieurs fois de stratifier à la polyester, mais une micro réaction s'opère, le démoulage est difficile et le résultat est décevant. Tous les tests sont faits sur des éprouvettes (chutes des découpes du moule cirées comme le moule).
C'est du boulot, mais une fois la recette trouvée, c'est nickel.
En parallèle, je recherche toujours le moyen de se passer de gel-coat mais avec une stratification polyester, toujours dans un souci d'économie (1kg résine epoxy +/- 30€, 1 kg de résine polyester 5€ !). Bien entendu la stratification en couche mince avec de la polyester n'aura pas les mêmes propriétés mécaniques qu'avec une stratification epoxy, mais pour un cache roue, une bulle d'hélico, voire un fuselage d'un petit multi, cela suffirait bien !
Si vous avez des astuces à ce niveau, je suis preneur !!
C'est parti !
Etape 1 : Préparation du moule.
Il est impératif de cirer le moule (et le plan de joint !!), pour une finition brillante et un démoulage facile. Dans un moule neuf, je passe 10 couches de cire / lustrage. Dès que le moule a sorti une pièce sans problème, je ne cire que 5 fois à chaque utilisation (c'est long (chiant...), mais je n'ai jamais eu de problème de démoulage).
Lors du lustrage de la dernière couche, il faut lustrer bien à fond pour obtenir le maximum de brillant. Plus le moule sera brillant, plus la pièce finale sera brillante !
Etape 2 : Couche de finition.
J'applique un scotch de cache (scotch papier tout bête), pour éviter de trop "salir le moule", gain de temps lorsque qu'il faudra nettoyer le moule pour mouler une autre pièce.
Je passe ma peinture acrylique au pistolet, je l'applique en 1 couche, juste ce qu'il faut pour couvrir le moule.
Je laisse sécher une bonne journée, pour que la peinture soit sèche à "coeur".
Etape 3 : Préparation des coupons de fibre.
Préparer les coupons de tissus de verre. J'utilise toujours le même tissu, c.a.d un sergé de 163g/m2. Le sergé me permet de stratifier les pièces un peu biscornues avec "facilité". Reste à déterminer le nombre de couche à "monter" pour obtenir la rigidité souhaitée, mais pas trop pour pas prendre trop de poids ! Il n'y a pas 50 solutions, ce n'est que du William Saurin (le savoir faire ! ).
Mais, je dis tout, alors voici mon retour d'expérience (d'amateur) sur quelques pièces :
- Cache roue : 2 couches suffisent.
- Bulle hélico : 2 couches si bulle compacte, sinon 3 couches.
- Fuselage multi 2*2, fuselage avion en général : 2 couches sur toute la surface et une 3ème du nez jusqu'a 5/10 cm derrière le Bord de Fuite. Renfort (bande carbone) du haut de la dérive jusqu'au pied de dérive et sous l'assise de l'aile si l'aile est "posée" sur le fuselage (voir photo).
Je recherche toujours le compromis poids / rigidité.
Etape 4 : La stratification.
La peinture en fond de moule est bien sèche. Le moule est stable (ajout de pieds ou autre). On prépare la résine en respectant scrupuleusement les consignes du fabricant. L'idéal est de travailler dans une pièce à 20° (difficile à obtenir dans mon garage en ce moment !). Mélanger le durcisseur à la résine lentement pour ne pas incorporer trop de bulle d'air.
Pour la bulle d'hélico, je prépare 25 g de résine. Environ 5 à 10 g seront mis de côté dans un autre petit pot pour préparer une charge (silice). Cette charge sera versée dans une seringue.
Avec un pinceau, appliquer de la résine sur le moule, de façon uniforme. J'applique le mélange résine + silice dans les endroits difficiles.
C'est quoi un endroit difficile ? C'est là où la fibre risque de ne pas prendre la forme de la pièce car l'angle est trop fermé, voire inaccessible. Si une charge n'est pas appliquée, la stratification à cet endroit sera difficile, voire impossible et plein d'air, donc un futur "trou" au démoulage. Sur notre bulle, il y a 2 endroits difficiles (voir photo).
Appliquer le premier coupon, perso, je plie le coupon dans la longueur pour le placer au mieux, pour ne pas se retrouver avec un côté qui couvre trop la pièce et de l'autre pas assez de matière.
Avec le pinceau, toujours partir du centre vers les bords, en laissant du "mou" pour ne pas trop contraire la fibre, sinon elle va trop se déformer et il y aura des endroits sans matière ou formation d'une bulle d'air. Encore une fois c'est difficile à expliquer, le plus simple c'est d'essayer, galérer et progresser .
Bien débuller, ajouter de la résine "par-dessus" s'il y a des manques. Il faut éviter à tout prix les bulles d'air. Il faut que la surface soit bien imprégnée. Re mouiller à la résine la pièce et monter la couche n°2 etc.. etc..
Au fur et à mesure des pièces, l'expérience aidant, vous aurez le coup d'oeil pour savoir s'il manque de la résine ou si au contraire il y en a de trop à certains endroits.
Etape 5 : La stratification, encore...
Même chose sur l'autre demi-moule.
Etape 6 : Bronzage sous les tropiques.
Je laisse sécher, au moins 24 heures avant de toucher. L'idéal est de faire sécher la pièce dans une étuve, cela accélère la polymérisation et augmente les caractéristiques mécaniques de la résine époxy. Il est possible de se bidouiller une petite étuve avec les moyens du bord. De mon côté, je n'ai pas la place de stocker une étuve "maison", je m'en passe. Les résultats obtenus l'hiver sont donc "moyens" ; l'été, le coffre de ma voiture devient une étuve improvisée très efficace ! c'est top.
Etape 7 : Plan de joint.
Je coupe le surplus de fibre tout autour de la pièce. Avec un cutter + lame neuve. Attention à ne pas abimer le plan de joint.
Je ferme le moule.
Pour avoir un plan de joint parfait, je prépare de la résine chargée en micro-ballon, que je verse dans une seringue. Il faut mouiller à la résine où la bande sera placée, faire un cordon de micro-ballon avec la seringue au niveau du plan de joint.
Finalement recouvrir avec une bande (5/6 cm de large). Bien nourrir à la résine et débuller au pinceau. Sur la photo ci-dessous, il n'y a pas de congé en micro-ballon, pour cette bulle, j'étais en rupture de stock de micro-ballon (mince...).
On laisse sécher, 24 heures de nouveau.
Etape 7 : Démoulage.
Tous les boulons et vis sont retirés, tiens, c'est vite fait... La motivation est grande !
Il faut rester calme quand même.. pour ne pas tout casser.
J'insère des petites cales en bois (ctp 3/10, 5/10 etc...) au niveau du plan de joint, tout doucement et tout autour. Généralement, cela commence à craquer, c'est bon signe !
Ensuite, j'utilise des cales de plus en plus grosses, en vérifiant bien qu'il n'y ait pas de point d'accroche. Si l'étape n°1 a bien été réalisée (la cire...), tout doit bien se passer. Si ça coince, un petit jet d'air comprimé par ci, par là, aide bien les opérations.
Généralement, un premier côté vient tout seul...
Pour la deuxième demi-coquille, il faut procéder doucement, là encore, j'use et j'abuse d'air comprimé. Et POP, la bulle est libérée ! YOUPI .
Ci-dessous, le résultat, un petit coup de papier de verre a été passé sur les arêtes et le plan de joint. Malheureusement, n'ayant plus de micro-ballon lors de la fermeture du moule, le plan de joint final n'est pas tip-top, un peu de sintofer s'impose.
Bilan de masse :
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Bulle d'origine : 173g
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Bulle moulé "in my garage" : 128 g (peinture + 2 couches de sergé)
Donc pour la prochaine, j'ajouterais une couche supplémentaire de sergé, car elle est un poil trop "molle", surtout au niveau du point de fixation "arrière".
Cette bulle n'est de toute manière pas "perdue" car elle va me servir pour réaliser / étudier le système de fixation.
Ainsi s'achève cette série "composites". J'espère que ce "tutoriel" vous aura aidé !.
Bons moulages !.